Positionnement face aux systèmes d’émulation

Avant de suivre le cours Organisation pédagogique et relation éducative au primaire, je me demandais comment un enseignant pouvait survivre dans une classe sans système d’émulation. J’avais l’impression que je ne pourrais jamais avoir le contrôle d’une classe sans ces fameux systèmes. Cependant, depuis peu, mon opinion a complètement changé! J’ai donc décidé de vous faire part des raisons pour lesquelles ma position sur ce sujet s’est transformée.

Tout d’abord, comme le disent Archambault et Chouinard, les systèmes d’émulation devraient être utilisés comme un outil d’intervention auprès des élèves qui ont des problèmes graves et durables. Ce sont des élèves qui n’ont plus de motivation intrinsèque, ils ont donc besoin d’un renforçateur externe pour être motivés. Ces systèmes de récompenses doivent être considérés comme un moyen d’aider ces élèves tout comme un contrat de comportement le ferait et devraient être utilisés de manière temporaire. En fait, après quelques semaines, leur motivation intrinsèque devrait être renforcée si l’enseignant utilise adéquatement le système d’émulation. Un article dans Vie pédagogique, nous mentionne même que les systèmes d’émulation devraient être gérés par des spécialistes comme les psychoéducateurs et les psychologues et non par des enseignants. En somme, il est inadmissible que certains enseignants utilisent les systèmes d’émulation pour une classe entière, puisque ces derniers ont d’abord été créés pour aider les enfants en difficulté.

Par ailleurs, les systèmes d’émulation peuvent avoir des effets néfastes dans une classe. Selon Archambault et Chouinard, les enfants qui sont le plus souvent récompensés sont ceux qui ont le moins besoin d’un système d’émulation. En fait, ces enfants ont une motivation intrinsèque assez élevée et en temps normal, ils n’auraient pas besoin de recevoir de renforçateurs externes pour bien travailler en classe. De plus, j’ai déjà vu des enseignants se casser la tête avec des systèmes d’émulation puisque ces derniers sont souvent complexes à gérer.

Dans le même ordre d’idées, je crois que ce qui me déplait le plus à propos des systèmes d’émulation est qu’il est possible que certains élèves participent aux activités dans le seul but d’être récompensés. Si on leur enlevait la récompense certains élèves ne seraient plus motivés. Le système d’émulation devient donc la seule motivation à faire des efforts. Où se cache la motivation intrinsèque? En effet, elle est complètement remplacée par un renforçateur externe. Les élèves ne travaillent que pour la «bébelle» qu’ils recevront à la fin de la semaine. C’est inacceptable! Pour contrer cela, Chouinard et Archambault nous proposent plusieurs façons de motiver nos élèves sans utiliser les systèmes d’émulation. En voici quelques exemples : créer des situations d’apprentissages signifiantes, offrir la possibilité aux élèves de faire des choix, les informer sur le travail qu’ils auront à faire, les faire participer au choix des règles de classe, les renforcer verbalement, etc. En fin de compte, ce qui importe, c’est de trouver une façon pour que la motivation intrinsèque de nos élèves soit mise en œuvre dans notre classe, car comme le disent si bien Chouinard et Archambault «ce qui motive l’élève est la perception qu’il a de sa compétence dans le domaine en question, la perception du rôle de ses efforts dans l’atteinte du succès et la valeur que ce succès représente à ses yeux.»

Pour terminer, je crois que les enseignants devraient tous modifier leur façon de voir la gestion de classe. En fait, pour plusieurs, gérer une classe revient à imposer leur système d’émulation. Je crois que les enseignants devraient d’abord se questionner sur la manière de favoriser la motivation INTRINSÈQUE de leurs élèves et ils verront bien vite que ce n’est pas vraiment compliqué (plusieurs façons ont même été énoncées plus haut). J’ai l’impression que certains enseignants ont tendance à utiliser le moyen le plus facile pour motiver leur élève. La plupart du temps, ce moyen est malheureusement le système d’émulation. Je crois qu’il est temps de changer notre façon de penser. Motivons sans système d’émulation! Voici mon nouveau slogan éducationnel!